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Afrique : quand la révolution de l’intelligence artificielle bouleverse des habitudes

L’intelligence artificielle (IA) a connu une croissance exponentielle en Afrique. En 2023, le continent africain a été le témoin d’une véritable révolution technologique, avec l’émergence de l’intelligence artificielle dans de nombreux domaines clés. Quels sont les défis auxquels elle est confrontée et les opportunités qu’elle offre pour le développement et l’amélioration des conditions de vie sur le continent ?

Google annonçait le 17 janvier 2024 le licenciement de plusieurs centaines de personnes au sein de son équipe mondiale de vente de publicités à cause de l’automatisation de tâches grâce à l’intelligence artificielle (IA). En Afrique, l’usage de l’IA se développe également dans la communication et la publicité. Ceci dans un contexte budgétaire restreint. Graphistes, photographes, designers… Dans le milieu, beaucoup craignent donc des pertes d’emplois.  L’été dernier, le plus grand opérateur téléphonique kényan, Safaricom, a lancé un premier clip publicitaire réalisé avec l’Intelligence artificielle. Un évènement qui n’est pas passé inaperçu dans le milieu. L’IA est de plus en plus développée dans les agences de communication et publicitaires. Les professionnels du secteur craignent des pertes d’emplois.

« Je peux vous assurer qu’il y a des emplois qui sont perdus et c’est une tendance qui va se poursuivre », assure Anthony Irari un analyste kényan spécialisé dans ces questions. Et de poursuivre ses explications en prenant l’exemple de la campagne de Safaricom : « Cela peut prendre environ un mois d’organiser un shooting pour une campagne et cela implique de nombreuses personnes. Mais désormais, si vous avez un individu qui manie bien les requêtes sur l’intelligence artificielle, avec les retouches, cela prendra peut-être un ou deux jours pour avoir les images. En une semaine, les affiches peuvent être envoyées à l’impression. »

L’IA vu comme remplacement ou comme outil

Des études évaluent la baisse des dépenses pour la publicité en Afrique de plus de 10 %. Pour lui, cela ne fait aucun doute « quand les entreprises vont voir que cela fonctionne et que les coûts sont réduits », elles n’hésiteront pas à se lancer. Parmi les leaders en Afrique de l’Ouest : Voodoo group. Stéphane Kouakou est le directeur de l’agence d’Abidjan qui compte 52 employés. Cela fait un an qu’ils travaillent avec les IA génératrices. Cependant, il n’a pas souhaité revoir l’organisation actuelle de son agence. « C’est un complément, c’est une aide à la réflexion qui permet de générer plus, explique Stéphane Kouakou. Peut-être qu’on aurait recruté un ou deux illustrateurs en plus sur certains sujets pour faire des story-​​​boards, où on aurait externalisé certains travaux de ce type, ce qu’on ne ferait plus aujourd’hui parce qu’en termes de rapidité et de productivité, on a l’élément tout de suite. Mais cela n’a pas changé la structure actuelle de l’équipe. »

Un modèle économique à trouver

Pour lui, l’IA est un outil de réflexion qui permet de gagner du temps. Mais le modèle économique nécessite tout de même d’être réfléchi. « Le modèle de l’agence fonctionne sur des honoraires de création et de la commission agence qui rémunèrent de la production, détaille-t-il. Avant, j’aurais fait une photo, donc si je ne fais pas cette photo d’un point de vue strict, je n’ai pas de commission liée à la production de cette photo. »

Si l’image est générée par IA, l’agence perd alors la commission liée à cette image. « Il y a un gain de rentabilité pour nos clients puisqu’ils ne dépensent plus d’argent en production, concède-t-il. Mais il y a une légère perte de revenus au niveau des agences. Donc, je pense que sur la durée, il faudra retravailler le modèle pour ne pas perdre de revenus en fait. » Par ailleurs, selon Stéphane Kouakou, la compréhension humaine du contexte local et culturel reste irremplaçable pour des campagnes performantes.

La Rédaction (avec RFI et HEM)