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L’apport de l’IA à la recherche d’informations en Afrique – Par Dr Jean-Marie Tengang

La collecte d’informations n’est pas aisée en Afrique. Ce constat de base n’est véritablement pas contestable : la collecte, le traitement, la conservation et l’exploitation des données ne constituent pas une vertu largement partagée sur le continent. Pourtant, l’IA se nourrit de données, sans lesquelles elle n’aurait aucun intérêt. La question de l’apport de l’IA à la recherche d’information en Afrique suppose, au préalable, d’évoquer les lacunes structurelles qui entravent la mise en place de bases de données fiables. Pourtant, les enjeux et les apports de l’IA à la recherche d’information en Afrique sont considérables.

1. Constat de la faiblesse de l’infrastructure numérique

Ce constat résulte de l’examen de plusieurs facteurs. On peut citer, sans être exhaustif :

  • Un accès limité à Internet. En effet, moins de 40 % de la population africaine avait accès à Internet en 2023, avec de grandes disparités entre les zones urbaines et les zones rurales.
  • Une connexion de mauvaise qualité. La connexion à Internet est un véritable problème en Afrique. Outre la question épineuse des coûts exorbitants, on peut mentionner la faiblesse du débit, les problèmes de latence élevée, et les sempiternelles coupures fréquentes.
  • Le manque de centres de données locaux oblige l’Afrique à dépendre de serveurs à l’étranger, ce qui ralentit les services numériques.
  • La faible couverture mobile doit aussi être signalée. Bien que le mobile soit plus répandu que le fixe, la 4G (et a fortiori la 5G) reste très peu déployée.

2. Les perspectives prometteuses

L’intelligence artificielle peut avoir un impact croissant sur la recherche d’informations en Afrique, avec des apports notables dans plusieurs domaines clés.
On n’évoquera pas ici la place considérable que l’IA occupe déjà dans d’autres régions du monde en matière d’amélioration des recherches, d’inventivité ou de création de richesses. On s’en tiendra aux apports spécifiques liés aux données et aux informations que l’IA ne demande qu’à optimiser en Afrique.

Ainsi, en termes d’amélioration de l’accès à l’information, on pourra mentionner, encore une fois sans être exhaustif :

  • Dans le traitement des langues africaines, l’IA peut constituer une aide majeure au développement d’outils de traitement du langage naturel pour les langues locales (comme le swahili, le wolof, le haoussa, le féé-féé), facilitant ainsi la recherche d’informations dans des langues historiquement peu représentées sur Internet.
  • La traduction automatique, grâce à des systèmes permettant de rendre des contenus mondiaux accessibles en langues locales et vice versa.
    Compte tenu de la mauvaise qualité de la connexion en Afrique, l’IA peut favoriser un accès hors ligne ou en faible connectivité grâce à des systèmes légers (edge computing) permettant la recherche d’information même avec une connectivité limitée.

L’apport de l’IA en matière de collecte et de structuration des données locales peut être notable. En effet, l’IA permet une agrégation intelligente des informations, favorisant la collecte, le filtrage et l’organisation des données issues de sources éparses. L’IA peut également faciliter l’extraction d’informations grâce à des systèmes de text mining qui aident à extraire automatiquement des faits, tendances ou statistiques à partir de textes non structurés.

  • Dans le domaine du soutien à la recherche académique, l’intérêt de l’IA n’est plus à démontrer. En matière de veille automatisée, les chercheurs peuvent utiliser des outils d’IA pour recevoir automatiquement les dernières publications pertinentes dans leur domaine.
  • Dans le domaine de l’analyse bibliométrique, l’IA peut permettre de cartographier la recherche scientifique africaine, d’identifier les chercheurs clés, les collaborations, ou les lacunes thématiques.

Cette courte intervention se termine en évoquant les domaines d’application concrets de l’IA dans la recherche d’informations en Afrique :

  • Dans le domaine de l’agriculture, l’IA peut aider les agriculteurs à accéder à des informations personnalisées sur les cultures, les maladies ou les prévisions météorologiques.
  • Dans le domaine de l’éducation, les plateformes éducatives basées sur l’IA peuvent adapter les contenus aux besoins des élèves ou étudiants, même en zones rurales.

L’apport de l’IA à la recherche d’information en Afrique a encore de beaux jours devant lui ! 

Jean-Marie Tengang